Statistiques 2012 SCC

Les statistiques des inscriptions de chiots au LOF pour 2012 viennent de sortir.

Les dix premiers classés :

- Bergers allemands 11205 inscriptions
- Golden Retrievers 8877 "
- Bergers Belges 8415 "
- Cavaliers King Charles 7680 "
- Berger Australien 7047 "
- Labrador 6720 "
- Staffordshire Terrier Américain 6533 "
- Bouledogue Français 6189 "
- Yorkshire Terrier 6040 "
- Setter Anglais 5888 "

On peut déduire de ce classement que les français recherchent majoritairement deux types de chiens :

Des chiens de garde en premier lieu, des chiens de compagnie ensuite.

Et je constate personnellement que le labrador, qui devrait être apprécié pour son caractère qui en fait le plus apprécié des chiens de compagnie au monde, confirme en France son irrémédiable chute de popularité.

Derrière le Berger Australien, un chien de troupeaux !, le verdict est implacable.

Et ce n'est pas pour m'étonner :

Ayant acheté ces dernières années cinq labradors aux origines tout ce qu'il y a de prisé en France (Recommandés, Champions, testés, j'en passe et des meilleures...), je me suis déjà débarrassée de deux mâles, en effet, autant les chiens nés chez moi y finissent leur vie, autant je n'hésite pas à me débarrasser des pièces rapportées dont je ne supporte pas le caractère.

Parce que le Labrador, c'est avant tout un Caractère.

Faudrait que les vétos inventent un nouveau test...

Quand je vois le Labrador BOB de Cruft 2013 sauter au nez de son handleur et ne se tenir tranquille qu'à coup de friandises, avec sa tête surfaite qui n'est plus pour moi une tête de labrador, le caractère atypique allant avec, y a du soucis à se faire...

"Des bons juges dépend le bon élevage" disait Mary Rosslin Williams, à se demander sur quels critères on devient juge de nos jours .

Un chien pareil, moi, je n'en voudrais pas, pour moi ce n'est pas un labrador, sauter au nez de son maître, c'est tout sauf ce que l'on attend d'un labrador, chez moi, ça prendrait la porte dans les plus brefs délais.

Et dire que cette exposition qui est indéniablement la plus commerciale au monde fait référence pour de nombreux éleveurs c'est bien là la démonstration de la suprématie du profit sur toute autre forme de démarche.

"Meilleur de race", ce n'était pas suffisant pour ce labrador atypique qui n'a même pas un poil correct ce qui saute aux yeux, il est ensuite proclamé "Meilleur du Groupe des Chiens de Chasse" (Gras comme un cochon, dépourvu du poil adéquat, hypernerveux, j'aimerais bien l'y voir à la chasse)

A la décharge du juge du groupe, elle a été élevée avec un Bulldog adoré, son gagnant devait lui rappeler des souvenirs

Elle a commencé par élever des Lévriers Irlandais pour passer ensuite aux Teckels miniatures à poil dur !

Un éclectisme hors pair qui l'a conduite à juger aujourd'hui 156 races...

Belle carrière de juge, on ne peut qu'en convenir.

Les chiens n'ont qu'à bien se tenir

Au point où l'on en était, il aurait tout aussi bien pu remporter le BIS (Meilleur de l'exposition) ce loulou !

Les arcanes de la politique sont impénétrables...

Il n'accède qu'à la Réserve BIS, ce qui, commercialement, est considérable, sa carrière d'étalon est assurée.

D'un point de vue d'éleveur, si l'on étudie son pédigrée, jusqu'à la quatrième génération il n'y a que des ancêtres isolés, un vrai pot pourri, un pédigrée de dilettante (à l'image du juge), il faut arriver à la cinquième génération pour trouver, coté mère, le même chien que l'on trouve coté père à la quatrième génération, un chien célèbre auquel notre loulou ne ressemble hélas pas du tout.

Ce ne sont donc pas les qualités de ce chien célèbre qui ont été fixées, pour autant que quoi que ce soit ait été fixé chez notre loulou, quel soulagement !

Un pur fruit du hasard qui a toutes les chances de reproduire au petit bonheur la chance, c'est ce qu'on peut lui souhaiter de mieux...

Quant à ceux qui s'extasient devant cette victoire commerciale, c'est tout bonnement qu'ils s'y imaginent sur la plus haute marche du podium, c'est ça leur but inavoué, pas grand chose à voir avec l'élevage bien compris.

Elever c'est avoir appris à ne pas tout confondre, à avoir compris, entre autres, que l'hyper activité n'a strictement rien à voir avec la complicité, ce serait même l'inverse.

Un juge qui vérifie l'articulé des mâchoires sur des vainqueurs de groupe, c'est du cinéma pur et simple, une façon comme une autre de ménager le suspense, pour les autres, pour lui les jeux sont faits depuis longtemps.

Alors moi je n'y connais rien mais quand je suis allée voir sur internet ce qu'était le Cruft et le passage devant le juge, j'ai vraiment eu l'impression qu'elle aurait pu regarder des sacs de riz, c'était pareil !! Tout était déjà décidé ... Heureusement que ma louloute ne me saute pas à la figure comme ça !!

L'aspect positif du système de choix des juges en Angleterre, qui n'est pas appliqué en France (c'est même tout le contraire) est que tous les juges sont, à la base, des éleveurs.

N'importe quel éleveur peut être appelé à juger une exposition simple en Angleterre.

C'est ensuite que les choses se gâtent : Plus un juge a élevé de champions plus il est prisé, c'est cette méthode, parfaitement logique en soi, qui favorise les petits arrangements entre affidés auxquels rarissimes sont les juges qui s'y refusent.

Je n'en ai connu que deux pour les labradors, deux juges anglaises aujourd'hui disparues, deux grandes éleveuses qui ont refusé de se soumettre aux desideratas du club qui les avaient invitées, l'une avait exigé que 3 boiteux quittent le ring (en dépit de l'intervention des organisateurs à sa table, suffisamment longue pour qu'elle n'échappe à aucun des concurrents), l'autre a donné un Très Bon à un champion à la tête surfaite du même acabit que notre gagnant de Cruft, c'était pourtant il y a longtemps, la dérive commençait déjà à s'installer.

Retour de bâton: ces deux juges n'ont plus été invités, les organisateurs préférant de loin les "juges de bout de laisses", ceux qui reconnaissent les handleurs

J'ai même vu en championnat de France une juge à la mémoire défaillante envoyer son mari relever les numéros des concurrents qu'elle devait favoriser, ces numéros étant ensuite mis bien en évidence sur sa table (des fois qu'elle puisse se tromper).

L'avènement du "juge du bout de laisse" correspond à la survie de deux types de juges populaires : Le juge parfaitement incompétent qui côtoie en parfaite harmonie le juge très compétent qui, pour être invité et donc populaire, n'hésite pas à se faire violence en exauçant les souhaits des organisateurs.

Il faut vivre avec son temps : "Business is Business"

Valhalla a écrit:

J'ai même vu en championnat de France une juge à la mémoire défaillante envoyer son mari relever les numéros des concurrents qu'elle devait favoriser, ces numéros étant ensuite mis bien en évidence sur sa table (des fois qu'elle puisse se tromper).
Il faut vivre avec son temps : "Business is Business"

incroyable !!!!

Bien au contraire, voilà un juge qui faisait consciencieusement son boulot de "formateur" (une spécialité bien française) pour la stagiaire que j'étais.

Bien connaitre une seule race, ce n'est déjà pas à la portée de n'importe quel candidat au job, être spécialiste des six races de retrievers d'un seul coup d'un seul, faut bien des astuces accessibles aux bons élèves...

L'élève indiscipliné que je suis n'a pas tardé à se faire virer.

Et notre formateur à devenir formateur pour six autres races du groupe 8, qualifié pour 3 races du groupe 3 ainsi que pour le caniche et, sur sa bonne lancée, jugera bientôt une autre race...



On est doué ou on ne l'est pas !

Autre différence notoire chez nos voisins britanniques, les juges commencent par y juger la race qu'ils sont censés connaitre, celle, par conséquent, qu'ils ont élevée, ce n'est qu'à la longue qu'ils obtiendront la possibilité, s'ils le souhaitent, de juger une autre ou plusieurs autres races.

Je comprends mal, personnellement, que l'on souhaite juger une race que l'on ne connait pas plus que n'importe quel quidam...

S'il existe toutefois d'excellents juges "all-rounders", force est de constater que c'est tout de même une rareté, et qu'on ne se gène pas non plus (j'ai pu le constater) pour leur mettre parfois des bâtons dans les roues.

Chez nous, le juge débutant se verra automatiquement investi du pouvoir de juger d'entrée les six races de retrievers !!!

S'il est compréhensible que les organisateurs d'expositions favorisent les juges multi-races pour raisons budgétaires, force est de constater qu'ils y perdent sur le nombre d'engagements en très nette régression, et en dépit de tarifs de plus en plus élevés.

Les anglais sont décidément de bien meilleurs commerçants, leurs expositions canines font toujours le plein.

Autre sérieuse différence chez les anglais, un juge ne peut juger la même race en CC (notre CAC, pas de CACIB chez eux) que deux fois par an.

Le titre de Champion de beauté y est obtenu au bout de 3 CC sous 3 juges différents.

Le titre de Champion Anglais est toujours le plus prestigieux au monde, pour ce qui est, du moins, des races anglaises.

Et pourtant, pas d'autre exigence que les 3 CC...

Ni radio, ni tests, ni épreuve de travail !

Chacun à sa place, un beau chien se doit d'être beau et spectaculaire, l'exposition de beauté est un spectacle, certains chiens sont doués pour le job et il est bien naturel qu'ils soient récompensés pour leurs performances, point barre, ce n'est pas parce qu'un chien gagne en exposition que c'est nécessairement le reproducteur qui conviendra à n'importe quelle femelle.

D'autres chiens, qui ont de réelles qualités de reproducteurs, s'ennuient en exposition, leur place est à l'élevage, pas sur le ring.

La compétence d'un éleveur s'acquiert au fil du temps, quand il a tenu compte de ses erreurs et appris à ne pas confondre, à véritablement sélectionner.

Chacun à sa place donc, le bon chien se distingue en Field Trial et, pour accéder au titre de Field Trial Champion, il lui suffit, si j'ose dire, d'en gagner 3, ce qui n'est pas chose facile en Angleterre, bien loin de là.

Pas de saupoudrage incongru, genre radios et tutti quanti, pour ce titre, le plus prestigieux au monde néanmoins.

Pas de qualificatif "Beau et Bon" non plus.

Ce n'est pas en Angleterre que l'on pourrait murmurer, comme chez nous :

Je connais cette formule Moche et con.......

Et pourtant, "Beau et Bon" ça marche très fort, ça va avec le "will to please", et je trouve tout à fait logique que le club de race organise des manifestations pour les propriétaires de Retrievers qui souhaitent faire travailler leurs chiens ou les montrer en expositions de beauté, c'est en principe sa vocation.

La où le bât blesse, c'est quand on lit ce genre de chose sur un site d'éleveur qui se garde bien d'annoncer clairement ses tarifs :

"Le calcul du prix se fait en fonction des dépenses occasionnées sur les géniteurs, plus il y a de contrôles et de titres, plus le prix du chiot sera élevé. C'est logique !"

A chacun sa logique, c'est cette logique là, qui consiste, entre autres, à faire financer les loisirs de l'éleveur par l'acquéreur du chiot et à accumuler des tests qui ne garantissent pas grand chose (hormis le test ADN pour l'APR), et en tout cas pas le caractère souhaité du chien adulte, qui a conduit au déclin de popularité du labrador comme il en avait été du cocker dont la popularité s'était effondrée en son temps pour dérive de son caractère .

Ce qui est logique pour le propriétaire c'est d'obtenir ce qu'il souhaite et c'est le métier de l'éleveur d'y parvenir. Un métier qui s'apprend à la longue qui ne se concrétise qu'au résultat et certainement pas à des prémisses simplistes..