"Une fois adopté, l’animal de compagnie va remplir diverses fonctions auprès de son
maître (Mouren-Simeoni, 1998). La première fonction de l’animal est au service du
narcissisme de l’individu. En effet, l’animal peut servir à attirer l’attention sur son
propriétaire, en le mettant en valeur par un processus identificatoire. L’animal devient dans ce cas un véritable miroir vivant du sujet qui va aimer l’image de lui-même que l’animal lui
renvoie. Il sera le faire-valoir à travers lequel il pourra montrer qu’il domine un être et qu’il
lui est indispensable (Digard, 2005). Nous tenons à nos animaux de compagnie parce qu’ils ne
se contentent pas seulement de nous « tenir compagnie », ils nous valorisent aussi. Nous
aimons leur dépendance et l’image d’êtres supérieurs et indispensables qu’ils nous renvoient
(Digard, 2000). A ce sujet, nous pouvons par exemple relever le propos d’une femme
interrogée par Odile Bourguignon (1984) : « je suis flattée que ce chat ait besoin de moi :
sentir qu’on est indispensable à quelqu’un » (femme, 31 ans). Ce type de propriétaire peut
alors rechercher la perfection chez son animal. Ce sont souvent des amateurs d’exposition, de
concours où ils vont pouvoir montrer leur animal.
Mais l’animal peut aussi aider l’individu à surmonter ses craintes et ses tendances, il va
avoir un rôle sécurisant. Il va par exemple aider une personne timide à aller à la rencontre
d’autrui, faciliter la communication ou médiatiser les relations et les conflits. Dans d’autres
cas, les animaux vont être des substituts de personnes (adultes ou enfants). Ils auront ainsi
une place affective importante pour les couples sans enfants ou les femmes seules, qui vont
les élever au statut d’humain, de « bébé » qui reste petit et dépendant, jusqu’à parfois devenir
un véritable « animal-roi » remplaçant l’enfant tant désiré avec lequel les parents vont pouvoir
jouer les domestiques asservis (Ruchmann, 1984). Nous pouvons dire qu’ils remplissent en
quelque sorte une fonction d’exutoire pour une affection restée sans objet. Ce seront aussi
parfois de véritables mémoriaux vivants, représentants remplaçants de proches décédés. Ils
auront alors une fonction de récupération affective pour lutter contre la dépression. Et parce
qu’on leur prête une certaine disposition à l’empathie, ils vont devenir nos plus fidèles
confidents. Enfin, Mouren-Simeoni évoque la tendance de certaines personnes à recueillir de
manière presque pathologique tous les animaux abandonnés. Ils voient dans cette attitude
une façon de préserver la vie à tout prix par crainte de propre mort, en référence aux Page 30 sur 127
fantasmes de sauvetage décrits par Freud. Pour Willems (2011), adopter un animal peut aussi
permettre de réparer les cicatrices laissées en nous suite aux différents abandons que nous
avons vécus dans notre vie. Les sujets « abandonniques », c’est-à-dire qui ont ressenti trop
d’abandons pour ne pas les reproduire, vont rechercher désespérément l’affection des
animaux plutôt que celle des humains qui risquent encore de les abandonner. C’est à force
d’être déçus par les être humains que ces sujets rechercheraient un contact avec les animaux.
Nous pouvons citer à ce sujet les propos de Carl Jung (1973) : « C’étaient les animaux qui
étaient bons, fidèles, immuables, dignes de confiance alors que je me méfiais des hommes
plus que jamais.»13 Toutefois, si les animaux peuvent servir d’étayage à l’abandon ils peuvent
aussi y confronter, notamment lorsque nous devons nous séparer de notre animal mais que
celui-ci ne sait pas que nous allons revenir. Cela provoque souvent chez les sujets
abandonniques des réactions de culpabilité. Ruchmann (1984), évoque aussi la fonction
d’exutoire que peut remplir l’animal. Par exemple, les personnes frustrées, écrasées par leur
chef au travail ou dépassées par leur conjoint vont utiliser leur animal comme un exutoire qui
doit obéir au doigt et à l’œil ......"
(LOISEAU_LUCIE_MEMOIRE-DE-RECHERCHE-L'Animal-de-compagnie-un-régulateur-au-sein-du-système familial)