Voici ce que j'en suis arrivée à penser, déjà publié dans "Trop c'est trop" à "Elevage"
"L'un des premiers labradors que j'ai élevé me suivait dès ses six mois
lors de mes entrainements à cheval dans les collines suisses enneigées.
Il
était issu de deux géniteurs radiographiés et indemnes de dysplasie, et
c'est sans la moindre appréhension que je l'ai fait radiographier, à un
an, au Tierspital de Berne, l'organisme
indépendant qui cotait toutes les radios en Suisse.
A
l'époque, les français n'avaient pas encore découvert la dysplasie des
hanches, ni les clubs de races commencé à "faire leur cuisine".
Ce chien n'avait jamais boité ni montré la moindre faiblesse.
Quand
on m'annonça sa cotation : II /II suisse, ce qui doit correspondre à un
D correctement coté en France, je
culpabilisai immédiatement,
considérant que c'était de ma faute et
compris instantanément que l'on
n'entraine pas de cette façon dès 6 mois un chien d'une race prédisposée
à la dysplasie des hanches.
Le véto du Tierspital, qui cherchait
vraiment à comprendre et à aider me conseilla de radiographier à
nouveau le chien à deux ans, ce que je fis, avec un meilleur résultat :
II/I.
(Les américains ne radiographient pas avant les 2 ans révolus du chien)
Entre-temps,
je présentais le chien en expositions, et il gagnait souvent, y compris
à Milan sous Gwen Broadley, éleveuse des Sandylands Labradors.
Et
pourtant, on me réclamait des saillies,que j'ai toujours refusées, et n'ai jamais
utilisé ce chien, pour lequel le club suisse m'avait donné une
autorisation spéciale, et bien qu'en France la commission dysplasie
n'existait pas encore pour les labradors.
Je l'ai vendu pour la chasse, et il a chassé jusqu'à la fin sans boiter.
C'est l'un des cinq labradors que j'ai ramené en France quand j'y suis revenue en 1986.
La
seule chose que j'avais comprise à cette époque c'est que si le chien
était dysplasique c'était de
ma faute, qu'il ne faut en aucun cas
demander de gros efforts à six mois, et que le seul exercice souhaité
avant un an, c'est la nage, pour des raisons évidentes.
J'ai constaté, au cours de mes premières 25 années d'élevage que le seul moyen d'éviter la dysplasie coxo-fémorale n'était
en aucun cas d'utiliser des géniteurs indemnes, ce qui ne garantit
rien, mais
uniquement de prendre certaines
précautions au niveau nourriture et conditions de vie jusqu'à un an.
Mes
clients sont prévenus, si leur chien s'avère dysplasique, en gardant
bien à l'esprit que la moyenne chez le labrador est le "C" (source BVA,
un score qui n'a quasiment pas varié sur les 10 dernières années de
dépistage), et que chez le Berger Allemand, au "C" le chien est
considéré comme "indemne", c'est de
leur faute, n'en déplaise à ceux que ça choque et qui sont libres de s'adresser ailleurs.
Je
n'ai jamais eu d'aussi bons résultats chez les chiens que j'ai vendus
que depuis que j'applique ce principe et ai cessé d'engraisser les vétos
avec leurs radios de dépistage heureusement moins dangereuses
qu'inutiles.
Je regretterai toujours d'avoir écarté ce merveilleux chien de mon élevage.
Parce qu'en élevage, il ne faut pas rater sa chance."